Je m’appelle Naiki Lutz, je suis thérapeute dans un sens large. Ma démarche dans le soin vient d’une prise de conscience qu’il y avait un conflit en moi et ma mission quotidienne est une succession d’actes allant vers l’équilibre, la guérison, la paix, la mienne avant tout et celle des personnes qui viennent me demander mes services.
Tout m’a prédestiné à ce métier, qui, pour moi est un accomplissement plus qu’un métier, un mode de vie. Un art créatif
Les voyages nourrissent ma créativité, l’Inde, l’Afrique influencent beaucoup mes pratiques actuelles : l’enseignement du yoga, les massages asiatiques au sol, les rituels de purification orientaux, ainsi que le Taurumi héritage maternel. Une multitude de savoirs sur l’Art de vivre en harmonie me rapprochent fondamentalement de qui je suis.
Je suis d’origine métisse et ma généalogie polynésienne prend racine à Raiatea. Ma prise de conscience à commencé dans ma généalogie. Mes racines. L’acceptation de mon héritage physique émotionnel et mental.
La connaissance de l’histoire de mon peuple. La compréhension des souffrances qui m’ont amené vers le pardon, la repentance, l’amour inconditionnel de la gratitude
J’ai eu la chance d’être élevée par mes deux grands-mères qui m’ont enseigné le sens du sacré. Nous, les Polynésiens d’aujourd’hui, sommes multiculturels, enfants des temps modernes certes mais aussi enracinés dans le passé.
Petite fille ma maman est certainement la première personne que je tente inconsciemment de soigner, une femme d’une grande complexité, portant sur ses épaules de grands fardeaux et blessures qui la maintiennent dans l’ombre : née à Raiatea, elle est l’arrière-petite-fille de « Faretahua Tumaruia », elle même arrière petite fille de “ Vetearii uuru”, fils de l’union entre le ARII Tamatoa III et Haapaitahaa. Une lignée royale à laquelle je rends hommage, un héritage immatériel de traditions et de valeurs. Mais aussi un héritage qui comporte des souffrances et des douleurs que j’ai choisi de guérir.
Le travaille que je développe surtout en ce moment, vient d’une ancienne pratique de transe. Qui était pratiqué par les Polynésien des temps anciens. On retrouve des traces de cette pratique dans la transmission orale ainsi que dans certains écrits. Une quête de sens de guérison qui passe par l’état de transe – générationnelle.
Il est raconté par les anciens, que dans notre société tahitienne pré-contact européen, qu’une forme de transe était pratiquée par certaines personnes choisies dans la communauté. Induite par une façon de respirer particulière, le chant et le balancement.
Lors de ce voyage initiatique, ils quittent le monde des vivants « TE AO » pour aller jusqu’au monde de « TE PO » celui des ancêtres, des dieux, celui de la connaissance et des esprits en quête de réponses.
Ils pouvaient alors raconter le contenu de leur voyage et partager l’enseignement qu’ils étaient allés chercher.
Je travaille autour de cette pratique et je déduis des pistes, Je fais des recherches, j’essaye d’avoir un compréhension de l’outil, des techniques de souffles qui mène à cet état, des tonalités vocales pour en déduire et essayer de me reconnecter avec la connaissance passée pour développer une approche de la transe à des fins thérapeutiques.
Rencontre comme une évidence, lorsque pour la première fois je suis rentrée dans un petit état de transe maîtrisée. J’ai compris que la clef de l’équilibre réside dans notre capacité à couper le mental. Car lorsque cela arrive nous revenons en contact avec notre vraie nature. Pure. Tous les questionnements que nous avons dans la réalité ordinaire touchent leurs réponses comme des évidences.
Je me suis alors rendu compte qu’il était possible d’y accéder grâce au souffle et que cet espace donnait accès à tout le savoir des générations passées. Les « instants de savoir ».
Révélation pour moi dans ma pratique de thérapeute lorsque je comprends que c’est un art. L’art de soigner ou d’accompagner quelqu’un vers un état de guérison physique, émotionnel et mental va au-delà du simple Taurumi. Il s’ agit d’un art qui s’exerce et explore différentes voix.
Cela a réarticulé complètement les pratiques du soin pour donner une place primordiale au souffle et à la vibration.
Après des années de pratique, je me suis rendu compte que le Massage c’est bien bien mais ce qui m’intéresse le plus c’est aussi de toucher l’émotionnel.
Aujourd’hui j’accompagne des personnes dans ce voyage, je crée, je réinterprète, je vais chercher au plus profond de ma mémoire transe-générationnelle : les rythmes hérités, les tonalités pour donner lieu à des cérémonies à la rencontre de l’âme. Comme une histoire qui touche au centre de l’être – une création qui repose sur les sons fondamentaux polynésien – sur le savoir immatériel du passé avec une seule direction : la lumière.